Des cartes pour comprendre le monde
Objectifs :
Lire, analyser et critiquer une carte
Comprendre les choix cartographiques
Comprendre la complexité du monde au travers de réalités géopolitiques, géoéconomiques, géoculturelles et géoenvironnementales
Réaliser une production cartographique
INTRODUCTION
Du milieu du XXème siècle au début du XXIème, notre représentation du monde a changé. En effet, après la Seconde Guerre Mondiale, la lecture du monde était relativement simple. Elle était fondée sur une logique binaire de blocs (Ouest/Est) de nature idéologique et géostratégique ou d’ensemble géographiques contrastés, souvent opposés (Pays du nord riches et développés, pays du sud en développement) de nature géopolitique et économique.
Mais, au début des années 1990 avec l’effondrement du bloc soviétique, une nouvelle représentation du monde s’est imposée. Dès lors, l’économie se mondialise avec la croissance des investissements à l’étranger, l’internationalisation de la production, et l’essor des échanges.
Ainsi, aujourd’hui, la logique principale d’organisation du monde est la mondialisation. Les différentes parties du monde sont en relation et les États sont interdépendants. L’Europe (grande puissance pendant près de deux siècles) et d’autres pays (BRICS) sont des puissances régionales qui aspirent à jouer un rôle géopolitique primordial à l’échelle du monde. D’autres pays en revanche restent en marge du phénomène de mondialisation. Les enjeux et les défis à relever sont donc nombreux : accroissement des inégalités, intégrations inégales des territoires dans la mondialisation, multiplication des guerres régionales, mondialisation du terrorisme sous diverses formes, vulnérabilité des sociétés face aux risques.
Comment les cartes permettent-elles de comprendre le monde ?
I – QU’EST-CE QU’UNE CARTE ?
A) Éléments de définition
La carte est une représentation graphique du globe terrestre ou d’une partie du globe sur une surface plane. La carte répond à un choix en matière de projection, cela dépend de ce que l’on veut montrer
La carte est accompagnée d’une échelle :
Petite échelle 1 / 1 000 000 = continent, planisphère
Moyenne échelle 1 / 100 000 = pays
Grande échelle 1 / 25 000 = une ville
La carte est composée d’une légende (langage cartographique) → les figurés varient : taille, forme, couleur, orientation
Il existe trois types de figurés :
Ponctuels
Linéaires
Surface
La carte véhicule un message (outil pour comprendre le monde) :
Localise et nomme les grands repères du monde + réalisation humaines
Permet l'interprétation et la compréhension des situations géographiques : organisation d'un territoire, rivalités politiques
B) Comprendre les choix cartographiques
La carte est une construction intellectuelle. Elle procède d'un choix et donne un point de vue qui peut faire l'objet d'une réflexion critique (interêt de la projection choisie, pertinence des informations représentées, qualités et limites du mode de représentation proposée)
Le centrage : un espace est privilégié et est placé au centre de la carte
L'échelle : analyse d'un phénomène au niveau local, régional, continental, mondial → peut modifier la représentation de la donnée, changement de précision
Les figurés : Ponctuels, linéaires, surface → choix de la forme et de la couleur dépend de ce que le cartographe cherche à montrer
L'anamorphose : Mise en valeur des données brutes puisque représentation d'un pays en fonction de l'importance du phénomène cartographié
Les données : Quantitatives (nombres d'habitants, stock de ressources) / Qualitatives (types d'industrie, différents climats) / Relatives (moyenne, pourcentage, indice)
Les sources : Sites officiels/institutionnels, ouvrages scientifiques, presse, acteurs concernés ou non
→ Tout ces éléments doivent être pris en compte dans l'analyse critique d'une carte
II - UN MONDE DE PLUS EN PLUS COMPLEXE
A) Une monde géoéconomique en basculement
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La limite Nord/Sud partageant les planisphères est aujourd'hui dépassée. Même si le monde est encore aujourd'hui marqué par de fortes inégalités socio-économiques, les Suds ne forment plus une entité. Les pays émergents (BRICS) profitent d'un nouveau partage des richesses mondiales tandis que les PMA (Mali, Haïti, Bangladesh) restent en marge du développement.
Les cartes présentent aujourd'hui un monde géoéconomique multipolaire, conséquence de la mondialisation qui se caractérise au XXème siècle par une intensification des flux. Trois aires de puissance dominent le commerce mondial et concentrent les flux de marchandises et de capitaux (Amérique du Nord, UE, Asie orientale) qui représentent 3/4 des richesses mondiales et 2/3 des échanges commerciaux. De plus, de nouveaux pôles s'affirment (Inde, Brésil)
Choix cartographiques possibles : Carte de flux, carte du PIB ou IDH
B) Un monde géopolitique instable
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Les cartes montrent que, dans un monde devenu multipolaire, l'équilibre des puissances est en mutation. Les puissances établies restent des acteurs majeurs mais des puissances ascendantes s'affirment. Elles comptent autant sur leur soft power (persuasion) que sur leur hard power (contrainte). Le rôle des États les plus puissants restent donc fort, freinant ainsi la mise en place d'une véritable gouvernance planétaire.
Les planisphères font apparaître une forte instabilité géopolitique et une concentration des zones de conflits. Les espaces de tensions se concentrent dans une région allant du Sahara au Moyen-Orient (arc de crises). Dans le même temps, de nouvelles formes de conflits se mondialisent (djihadistes international, cyberterrorisme). Cependant, l'Amérique latine et l'Europe de l'est, où les conflits étaient nombreux, sont aujourd'hui plus stables.